Depuis plus de vingt ans, les œuvres en bronze de Ricky Swallow explorent le processus de conversion par lequel un objet – ou une combinaison de matériaux – devient sculpture. Il part de matériaux ordinaires, domestiques – corde, bois, ruban de masquage, carton perforé –, qu’il assemble ensuite à travers des formes qui mettent en valeur les particularités et les imperfections propres à leur matérialité. Ces configurations d’objets et de textures sont ensuite reproduites avec minutie à travers des procédés analogiques : d’abord coulées en bronze, elles sont ensuite patinées ou peintes à l’huile, poursuivant leur transformation dans l’atelier. La participation directe de Swallow à ces étapes est essentielle pour maintenir un lien avec la forme finale et en conserver la maîtrise. L’apparente retenue des sculptures contraste avec leur grande complexité, tant sur le plan matériel que technique, par exemple : les fils d’une corde reproduits en métal ou les plis d’un carton qui persistent après la fonte. En ce sens, le travail de Swallow intègre de subtiles références à la peinture – en particulier à la tradition du still life néerlandais –, visibles à la fois dans la dimension figurative de son œuvre et dans ses fondements conceptuels. Mais ces références ne sont jamais littérales : l’effet de trompe-l’œil, présent dès ses premières œuvres, n’est jamais une fin en soi mais une méthode – un piège de l’attention, une stratégie pour ralentir la perception et prolonger l’expérience. Ce qui prime en définitive, c’est la dimension tactile et la présence physique des éléments sculptés où la matière semble avoir son propre comportement et son humeur, à la fois sensible et incarnée.

Ricky Swallow est né en 1974 à San Remo, Australie. Il vit et travaille à Los Angeles. En 2005, il a représenté l’Australie à la 51e biennale de Venise avec l’exposition This Time Another Year. Son travail a fait l’objet d’expositions personnelles ou en duo notamment chez Modern Art, Londres (2022); The Huntington Library, San Marino (2012); the National Gallery of Victoria, Melbourne (2009); The Douglas Hyde Gallery, Dublin (2007); et au MoMA PS1, Brooklyn (2006). Il a participé à des expositions collectives à la National Gallery of Australia, Canberra (2018); the National Gallery of Victoria, Melbourne (2017); the Hammer Museum, Los Angeles (2014); et au Whitney Museum of American Art, New York (2014). Son travail fait partie des collections du British Museum, London; LACMA, Los Angeles; MoMA, New York; et du Yokohama Museum of Art. Il a publié des textes pour les catalogues de Christina Ramberg: A Retrospective au Art Institute of Chicago (Spring 2024); Magdalena Suarez Frimkess: The Finest Disregard à LACMA (Fall 2024); Brilliant Earth: The Ceramic Sculpture of Tony Marsh au Long Beach Museum of Art (2022); et pour le catalogue Woody De Othello (KARMA/Jessica Silverman, New York, 2021). Il a par ailleurs été le commissaire de deux expositions autour de l’œuvre de Doyle Lane, présentées à la David Kordansky Gallery à Los Angeles en 2020, puis à New York en 2023. Il a co-dirigé la publication du catalogue accompagnant cette dernière, auquel il a également contribué par un texte.