Depuis quarante ans, Jacqueline Humphries s'interroge sur le sens de la peinture abstraite contemporaine dans un monde saturé par les médias et les technologies numériques. En sondant les limites de son médium, Jacqueline Humphries produit une densité de langages, de formes et de gestes qui ne relèvent pas uniquement de l’histoire de la peinture, mais empruntent également aux codes et registres esthétiques issus du flux continu de données et de marchandises qui défilent sur les surfaces froides et lisses de nos écrans. S'attachant à la surface des choses, elle utilise, entre autres matériaux, des pochoirs quadrillés, de la peinture fluorescente, des émoticônes et de la lumière noire pour paraphraser, parodier et réécrire les codes de l'abstraction d'après-guerre. Son travail bouleverse les oppositions traditionnelles figure/fond et planéité/profondeur pour créer des images anti-illusionnistes et anti-représentationnelles afin de « déconstruire » ses œuvres et ainsi jouer avec les idées d'historicisation et d'authenticité. L’œuvre de Humphries s’amuse de son irrévérence assumée, faisant affleurer à la surface une jubilation matérielle, tout en cherchant une « forme d’accroche psychologique » où le trouble, le suspense et la tension latente opèrent en filigrane. Cette présence spectrale, à la fois ténue et persistante, irrigue une grande partie de son travail ; ses œuvres imposantes sollicitent l’observation tout en perturbant la lecture directe de leurs processus de fabrication.

Jacqueline Humphries est née à la Nouvelle-Orléans en 1960. Elle vit et travaille à New York. Elle est diplômée de la Parsons School of Design ainsi que du Whitney Independent Study Program. Son travail a fait l’objet d’expositions personnelles au Wexner Center for the Arts, Columbus (2021); Dia Art Foundation, The Dan Flavin Art Institute, Bridgehampton (2019); the Carnegie Museum of Art, Pittsburgh (2015); et à la Kunsthalle Wilhelmshaven (2000). Elle a participé récemment à des expositions collectives au Parrish Art Museum, Water Mill (2021); the Hirshhorn Museum, Washington, D.C. (2019); Museum Brandhorst, Munich (2019); Albright-Knox Art Gallery, Buffalo (2018); Fondation Louis Vuitton, Paris (2018); et à la Tate Modern, Londres (2016). Son travail fait partie des collections du Dallas Museum of Art; Fondation Louis Vuitton, Paris; the Hirshhorn Museum, Washington, D.C.; The Metropolitan Museum of Art, New York; MoMA, New York; the Museum of Fine Arts, Boston; SFMOMA, San Francisco; the Solomon R. Guggenheim Museum, New York; Tate, London; et du Whitney Museum of American Art, New York. En 2022, ses peintures ont été exposées à la 59e Biennale de Venise, The Milk of Dreams, curatée par Cecilia Alemani.